MARGUERITE YON

LES BIJOUX D'AMBRE DE LA NÉCROPOLE D'ALÉRIA (CORSE)

La nécropole d'Aléria1 est particulièrement remarquable pour avoir fourni de la céramique grecque de première qualité remontant aux Ve et IVe siècles av. J.-C, de la céramique italique de la même époque, des bronzes étrusques, des bijoux variés évoquant l'influence et les courants commerciaux aussi bien de l'Italie toute proche, que de la Grèce, ou de l'Afrique du Nord punique. Parmi ces bijoux, il est une série qui parle davantage encore à l'imagination en ce qu'elle évoque des régions bien plus éloignées : il s'agit de pendentifs et de perles en ambre jaune, qui formaient des colliers avec d'autres bijoux d'or, de pâte de verre, de pierre. Comme le disent les textes littéraires, et comme on a pu le constater dans certaines tombes d'Italie, ces objets d'ambre étaient portés par des femmes et par des enfants2, auxquels leur vertu magique et les qualités médicinales qu'on leur attribuait assuraient une protection contre les sorts contraires et les maladies. Leur présence à Aléria n'était pas un effet du hasard, un souvenir isolé rapporté par un voyageur, puisqu'on les retrouve dans une dizaine de tombes différentes, qui datent toutes approximativement de la même période; pendant quelque temps, au cours du Ve siècle, l'importation en Corse s'en est faite de façon organisée, vraisemblablement par l'intermédiaire d'un marchand d'Aléria qui s'approvisionnait sur le continent.